Ces fameuses vergetures, du nom médical Striae distensae, tout le monde les expérimente, mais personne n’en parle jamais vraiment. À un point tel que dans notre industrie, ce doit être le sujet avec le plus de mythes! Et croyez-moi, il y en a beaucoup trop! De plus, cette incompréhension et/ou désinformation influence grandement la qualité des produits et des traitements sur le marché.
Il est temps de les démystifier si nous voulons réussir, enfin, à les traiter ou, du moins, en améliorer l’apparence.
La définition est simple : atrophies cutanées de forme linéaire rappelant des stries. Elles se présentent comme des cicatrices d’abord rougeâtres, puis d’un blanc nacré, indélébile. Elles nous illustrent bien leur apparence, mais leur création est plus complexe et se fait en deux phases (comme presque toutes les réactions biologiques) : 1) Phase de formation : stries rougeâtres légèrement surélevées qui nous indiquent de l’inflammation dans le tissu ; 2) Phase d’état : deviennent blanches et légèrement déprimées (disparition de l’inflammation, donc de l’enflure), parallèles aux lignes de tension de la peau (ça peut varier selon les raisons de l’apparition).
La vraie question à se poser est, comment et pourquoi le corps fabrique-t-il des vergetures?
La question est légitime parce que si vous ne comprenez pas bien comment et pourquoi le corps les produit, comment peut-on fabriquer des produits ou concevoir des traitements qui auront un réel effet sur elles?
Longtemps, et je dirais même encore beaucoup trop aujourd’hui, la population pensait que c’était un étirement qui provoquait une déchirure dans la peau. Avec cette explication, nous croyions donc que c’était l’épiderme qui était le plus touché, quand en réalité, les vergetures sont une affection de type cicatrice qui se présente dans le derme majoritairement. Si notre peau peut nous suivre jusqu’à obtenir un poids de 600 livres et plus, comment peut-on croire qu’une simple croissance des seins, à l’adolescence, puisse produire un déchirement de la peau ? Il ne faut pas la sous-estimer ainsi, notre peau prend très au sérieux son rôle de protection des organes internes!
D’un point de vue histologique, l’épiderme des vergetures est normal, légèrement atrophié. La jonction dermo-épidermique est aplatie à cause de la tension sous-jacente. C’est le derme qui est le plus touché : les faisceaux de collagène y sont fracturés avec une atteinte prépondérante du collagène de type III. Le problème réside dans le fait que c’est ce qui empêchera ce beau collagène néoformé de type III d’un jour devenir un collagène de type 1 (indispensable à la structure tridimensionnelle du derme).
D’un autre côté, la fibre qui est le plus affectée est l’élastine, qui disparaît peu à peu jusqu’à une disparition complète au final. Voilà pourquoi nous recommandons toujours de traiter les vergetures pendant qu’elles sont encore rouges. Une stimulation adéquate pendant la phase de formation va forcer les fibroblastes à produire plus de fibre d’élastine afin de contrer cette autodestruction. Si elles sont déjà blanches, nous devons les restimuler afin qu’elles redeviennent rouges pour obtenir une meilleure amélioration.
Qui est donc le coupable de tout ce branle-bas de combat? Définitivement les hormones!
Les vergetures sont essentiellement dues à un hyperfonctionnement des glandes surrénales. Nous verrons dans quelques instants ce qui peut causer cette hyperstimulation. Un débalancement des glucocorticoïdes, ou cortisone naturelle, agit sur les fibroblastes en perturbant leur programme de biosynthèse :
- Moins bonne production de collagène, d’élastine et de protéoglycanes (GAG)
- Inhibition partielle de la synthèse d’acide hyaluronique et de chondroïtine sulfate
- Production de protéines altérées
Conclusion : rupture du tissu conjonctif!
Maintenant, les causes sont très nombreuses. Tout ce qui engendre un déséquilibre hormonal et/ou une prise de poids rapide peut être en cause (les déséquilibres hormonaux à la puberté, par exemple). La puberté étant un moment où les sécrétions hormonales débutent, c’est le temps idéal pour le corps de développer des vergetures. Chez la jeune femme, on en voit souvent pour la première fois sur les seins en conséquence au développement de la glande mammaire (et non, comme le dicte la croyance populaire, parce qu’ils sont devenus trop gros, trop vite!). On les retrouve aussi sur le bas du ventre, les fesses et le haut des cuisses, ceci étant souvent lié à la période marquant le début des menstruations. Chez le jeune homme, ce phénomène est un peu moins apparent, mais pour certains, des vergetures se développent sur les fesses et le bas du dos. Ce qui cause réellement le plus de vergetures chez l’homme : l’entraînement intensif en puissance et la prise de créatine ou de stéroïde! Je précise ‘’en puissance’’ parce que ceux qui s’entraînent en mode ‘’endurance’’ en font beaucoup moins. Le fait de soulever des masses de poids impressionnantes engendre très souvent des déchirures musculaires, ce qui entraîne de la douleur et ainsi une sollicitation des surrénales à produire de la cortisone. Cette cortisone sera ensuite dirigée vers les muscles en question afin de diminuer la sensation de douleur et l’inflammation ce qui en facilitera la guérison.
Quel est l’autre moment de la vie de la femme où le système hormonal est le plus sollicité? La grossesse, bien-sûr (et plus particulièrement à partir du 6e mois où il y a des doses massives d’hormones dirigées vers le ventre de la femme afin d’accélérer la croissance du fœtus). Ceci entraîne une croissance de ventre rapide et une importante circulation d’hormones dans la peau. Le derme est ainsi étiré de l’intérieur et fragilisé, ce qui cause l’apparition des vergetures.
Mais le changement de rythme de vie chez la femme a aussi été à l’origine d’une nouvelle voie par le corps pour la création des vergetures. Le stress intense sur nos ”Super Women” entraîne presque systématiquement un débalancement en cortisol, hormone sécrétée également par les surrénales, qui contribue aussi à l’augmentation du facteur de risque de développer des vergetures. Imaginez-vous donc que cette hormone a même été rebaptisée, pour la cause, ”l’hormone du stress chez les femmes!”.
Les vergetures peuvent aussi apparaître à la suite d’une maladie infectieuse (à cause de l’inflammation du système et la prise de médicament). Les traitements par corticoïde (par voie interne), tels les Prednisone, ou appliqués localement, comme la dermocorticoïde topique, utilisés sur une longue période, peuvent aussi y contribuer.
Ce qui me porte à dire que même l’abus de médicament en crème (ex. Topicort® desoximetasone), qui est beaucoup trop recommandé par les médecins et abusivement utilisé par les patients souffrant d’eczéma, peut engendrer des vergetures sur les zones affectées et traitées. Faites attention, ce dernier n’est pas un émollient, mais bien un médicament à utiliser 1 fois par jour pendant les 4 à 8 jours les plus intenses de la période de poussée de votre crise d’eczéma! Nous pourrions aussi citer l’obésité ou la dénutrition qui malmènent notre corps et notre système hormonal.
Assez parlé des causes, maintenant parlons des traitements. Y en a-t-il de vraiment efficaces ?
La réponse à cette question est heureusement positive. En effet, il y a en a plusieurs et ceux-ci utilisent des mécanismes bien différents. Je vais passer sur les premiers un peu plus rapidement afin d’aller m’amuser dans la cosmétologie actuelle. Parce que ce sont les produits cosmétiques qui ont le plus de défauts de conception!
Il y a bien sûr les lasers, tel le laser à colorant pulsé (50% d’amélioration vers la 6e semaine) qui, selon le Dr Jean-François Tremblay, est le traitement le plus efficace pour les vergetures rouges inflammatoires en phase hâtive (lorsqu’elles sont encore rouges).
Il existe aussi le laser à CO2 , le laser fractionnel (puisqu’il mime le microneedling, mais sans aiguille) et possiblement d’autres.
Il ne faut pas oublier de mentionner les crèmes de Trétinoïne prescrites, mais mon préféré, dû à son incomparable efficacité, est le traitement au plasma sanguin (le PRP, ou plasma riche en plaquettes, contient des facteurs de croissance qui stimulent l’activité cellulaire. C’est l’une des thérapies les plus utilisées pour améliorer l’apparence des vergetures). Il consiste en la centrifugation d’une prise de sang du patient afin d’en concentrer les plaquettes du système immunitaire et de les réinjecter pures au niveau des zones lésées. Il est recommandé d’effectuer 3 à 4 traitements à 4 semaines d’intervalle pour des résultats optimaux.
Je sais qu’il y a souvent la microdermabrasion qui est citée, mais pour être honnête, je pense que c’est davantage dû à une mauvaise compréhension de la vergeture… Le nombre de traitements nécessaires pour voir une amélioration en dit long. Sur des vergetures récentes, on recommande jusqu’à 20 à 30 séances! Imaginez les dommages et l’irritation de l’épiderme que vous aurez peut-être aussi causés en 30 séances!
Préférant être plus délicate et respectueuse de la santé de la peau, je préfère recommander des produits de soin adaptés. Mais ATTENTION, que doivent-ils contenir pour être RÉELLEMENT efficaces?
Les plus anciens, venant de la France et encore très recommandés de nos jours, sont les extraits végétaux de prêle, de lierre et d’alchémille parce ce qu’ils contiennent naturellement du silicium organique. Ils fonctionnent aussi bien sur des vergetures déjà blanches que rouges. Après quelques jours d’application sur celles qui sont déjà blanches, elles commencent à démanger et redeviennent rouges pour ensuite s’améliorer. Le silicium organique agit sur les fibroblastes en augmentant leur capacité de synthèse protéique, ce qui neutralise (inhibe), d’une certaine manière, l’effet des hormones. Les autres sources de silicium organique sont le sodium lactate methyl silanol ou methylsilanol hydroxyprolisilane (écrit ici en INCI). Récemment apparus sur le marché, les extraits d’harpagophytum, provenant du Mexique, sont proposés pour leur pouvoir cicatrisants. Mais la star de tous, ayant obtenu le titre de meilleur actif pour la prévention et même l’amélioration des vergetures, est le Centella asiatica.
Les petits nouveaux, issus d’une recherche plus avancée en cosmétologie, sont :
- le Registril™ (Butylene Glycol – Eau – Cetyl Hydroxyethylcellulose – Rutin – Palmitoyl Tripeptide-1* – Palmitoyl Tetrapeptide-7** – Phaseolus Lunatus (extraits de graines de Haricot de Lima)). On dit qu’il prévient et réduit les vergetures en ralentissant la dégradation et en favorisant la régénération de la matrice extracellulaire. Après 2 mois d’utilisation, les vergetures s’estompent et la peau devient plus lisse.
- Le Striover™, composé de Astragalus & Codonopsis pilosula. Il est reconnu pour améliorer la texture de la peau et réduire l’apparence de vergetures, quelle que soit leur origine. On peut remarquer des résultats notables en seulement 28 jours, mais le plus extraordinaire réside dans le fait qu’il soit actif autant sur les vergetures rouges que les blanches en augmentant la fermeté et l’élasticité de la peau. Le mécanisme est semblable à celui du PRP (précédemment nommé) et est une bonne alternative à la chirurgie.
Je terminerais donc en vous recommandant d’envisager une solution qui vous convient, selon votre budget et que votre choix soit guidé par des résultats scientifiquement prouvés. Ah oui, et n’oubliez pas de respirer et de penser à ralentir ce rythme de vie effréné que nous soutenons tous car, ça aussi, ça fait partie de la solution!